Libres et subversifs

Je m’intéresse avant tout aux artistes indépendants d’esprit qui œuvrent en dehors des sentiers battus de l’art contemporain et de l’académisme prévalant, à ces créateurs qui résistent à la pensée unique et dogmatique du discours.

Je préfèrerai toujours la fureur poétique de l’imaginaire et du sensible au verbe qui soutient le concept et la théorie. Ce que j’aime et ce que je défends, c’est l’amour du dessin, de la narration et du travail bien fait qui s’incarne dans des univers oniriques, singuliers et hors normes.

Daniel Erban, Guy Bailey, Claire Labonté et Shawn Mackniak sont à cet égard de parfaits exemples de ces marginaux qui sont à l’écoute de leur moi intérieur et qui sont animés de cette pulsion créatrice commune à tous les artistes authentiques dont la création est la véritable raison d’être.

Déraisonnables tous autant qu’ils sont, hors les normes, ils créent des univers singuliers et souvent déroutants. L’œuvre cathartique de Daniel Erban dépeint le côté instinctuel, désorganisé et primitif de notre psyché et il choisit, pour le rendre, de large traits à l’encre noire qui se détachent des fonds blancs. Chez Guy Bailey, ce sont des tableaux coup de poings à l’humour cru où les traits acérés se mêlent aux empâtements colorés et créent une palette sourde et angoissante.

Dans les bestiaires fabuleux de Shawn Mackniak, les créatures hydrides s’entremêlent, les dragons, chimères et harpies menacent, gueules ouvertes, de pauvres hères qui émergent du chaos. L’ordonnancement des fresques précieuses de Claire Labonté fait contrepoint à ces débordements énergiques. Ici, c’est la touche répétitive et obsessionnelle qui subjugue. Dans un état proche de la transe, l’artiste compose, des fresques mythologiques où elle tente de renouer avec cet inconscient pré-historique et collectif qui nous lie.

Bienvenue au dépaysement, bienvenue dans l’univers, subversif et singulier de l’art outsider.

Robert Poulin